Graziella a 17 ans, c’est une fille originaire de Saponara (province de Messine) très humble et gentille. La famille étant le plus important, elle décide de chercher un emploi pour venir en aide à ses parents. C’est à Villafranca (5 Km de Saponara) dans un pressing qu’elle trouve du travail. On la paye 150.000 lires, au black, pour laver, repasser et livrer les habits.
Sa vie, celle d’une adolescente simple et réservée de la province de Messine des années ’80, semble suivre son cours tranquillement, sans problèmes et inquiétudes, ce qui n’est pas le cas.
Le 12 décembre 1985, après son travail, Graziella ne rentre pas à la maison.
Le père et un de ses frères se rendent alors à la gendarmerie voir le maréchal, qui minimise le fait, en disant qu’elle a fait une « escapade ». Mais c’est faux.
Deux jours après le père informe Pietro, un autre frère de Graziella et qui est gendarme à Reggio Calabria, de la disparition de sa sœur. Il se met tout de suite à sa recherche, avec la conviction qu’elle n’avait aucune raison de s’échapper de la maison. On lui prête une moto et il fouille tous les alentours de la commune de Villafranca.
Après une longue recherche il la retrouve à Forte Campone (7km de Villafranca). Tuée par 5 coups de « lupara » (fusil de chasse). L’enquête des gendarmes se dirige vers une piste passionnelle et son jeune fiancé qui l’avait demandé en mariage est suspecté, mais est de suite relâché car innocent.
Pietro, son frère, reviens sur le lieu du crime et découvre des mégots de cigarettes et beaucoup d’empreintes de pas. Il raconte tout aux collègues mais aucune expertise est menée. L’enquête s’enlise et petit à petit on oublie le fait.
Entretemps, toutefois, la police arrête Gerlando Alberti Junior, fugitif de « Cosa Nostra« , qui se cachait à Villafranca. Alberti se déplaçait librement avant d’être arrêté car il se faisait passer pour l’ingénieur Cannata et, fait important, faisait nettoyer ses habits au pressing où travaillait Graziella.
Sa mère se rappellera ensuite qu’un jour la fille lui avait confié avoir trouvé dans une poche d’un manteau une agenda. À l’intérieur de celle-ci on trouvait des informations qui faisaient comprendre qu’en réalité l’ingénieur Cannata avait une autre identité. Tout ça avait été dit aux gendarmes. Mais ils n’avaient rien fait.
Gerlando Alberti Junior et son garde du corps Giovanni Sutera sont traduits en justice pour la première fois en 1989, mais le procès n’aura pas lieu car le magistrat, qui s’occupera du cas considérera l’accusation pas assez solide.
En 1998 lors du procès « Messina”, qui dévoilera les liens qui étaient présents à l’intérieur de la province entre mafia, haute bourgeoisie et institutions de l’état. Plusieurs personnages publics qui étaient impliqués dans le procès de Graziella, sont égalemn accusés d’avoir entretenu des rapports et d’être à la solde de Cosa Nostra (Mafia sicilienne).
Seulement en 2004 la famille obtient la sentence du procès et voit Alberti et Sutera condamnés à la prison à perpétuité pour le meurtre de Graziella Campagna. Elle a été coupable d’avoir vu ce qu’elle n’aurait pas du voir et d’avoir été trop jeune et simple pour être considérée quelqu’un d’incorruptible et d’insaisissable.
C’est ainsi qu’est morte Graziella Campagna, uniquement pour avoir ouvert un agenda.
Article extrait et traduit depuis le site www.lefotochehannosegnatounepoca.it à cette page.