„La mafia uccide, il silenzio pure.“ — Peppino Impastato

Compagni di Viaggio – Ignazio Buttitta

Vous voici une poésie en dialecte sicilien de Ignazio Buttitta.

Ignazio Buttitta

(voix Liliana Di Calogero, guimbarde Mathias Esnault)

Sicilien

Italien

Français

Stasira li cimi di l’arbuli
chi mòvinu la testa e li vrazza
parranu d’amuri a la terra
e io li sentu.

Sunnu li paroli di sempri
chi vui scurdastivu,
cumpagni di viaggiu
nudi e pilusi,
in transitu dintra gaggi di ferru.

Unn’è chi ghiti a càdiri
si nuddu v’accumpagna
e la scienza è in guerra contru l’omu?

Cu vi jetta li riti
mentri u marusu munta;
siddu i nostromi da puisia
un tempu piscatura di baleni,
ora piscanu a lenza
nni l’acqua marcia di li paludi?

Cumpagni di viaggiu,
si pirdistivu u cori pa strata;
turnati nnarreri a circallu
si non siti già orbi.

Si u suttirrastuvu chi morti
nte campi di battagghia;
jiti a svrudicallu
si non feti nto sangu.

Si ristò a bruciari
nte càmmiri a gas;
curriti a cogghiri a cìnniri
e mittitila a cuvari nto pettu.

Lu me straziu è pi vui stasira,
e li paroli d’amuri
càdinu nterra
comu stiddi astutati.

Non vurria chi mai turnassi
una sira la stissa.

 Stasera le cime degli alberi
Che muovono la testa e le braccia
parlano d’amore alla terra
e io le sento.

Sono le parole di sempre
Che voi avete dimenticato,
compagni di viaggio
nudi e pelosi,
in transito dentro gabbie di ferro.

Dove andrete a cadere
se nessuno vi accompagna
e la scienza è in guerra contro l’uomo?

Chi getta le reti
mentre il maroso monta?
se i nostromi della poesia
un tempo pescatori di balene,
ora pescano a lenza
nell’acqua marcia delle paludi?

Compagni di viaggio,
se avete smarrito il cuore per strada;
tornate indietro a cercarlo
se non siete già orbi.

Se lo sotterraste con i morti
nei campi di battaglia;
andate a disseppellirlo
se non puzza nel sangue.

Se restò a bruciare
dentro le camere a gas;
correte a raccogliere la cenere
e mettetela a covare nel petto.

Il mio strazio è per voi stasera,
e le parole d’amore
cadono in terra
come stelle spente.

Non vorrei che mai tornasse
una sera, la stessa.

Ce soir les cimes des arbres
qui remuent la tête et les bras
parlent d’amour à la terre
et moi je les entends.Ce sont des mots de tous les jours
Que vous avez oublié,
compagnons de voyage
nus et poilus,
en transit dans des cages de fer.Ou irez vous tomber
Si personne vous accompagne
et la science est en guerre contre l’homme ?Qui jette les filets
pendant que la vague monte ?
Si même les maîtres de la poésie
autrefois pécheurs de baleines,
pêchent désormais à la ligne
dans l’eau pourrie des marécages ?Compagnons de voyage,
si vous égarâtes le cœur en cours de route
rebroussez chemin pour le chercher
si vous n’êtes pas déjà aveugles.Si vous l’enterrâtes avec les morts
dans les champs de bataille;
allez l’exhumer
s’il ne pue pas dans le sang.S’il resta brûler
à l’intérieur des chambres à gaz;
courez ramasser les cendres
et mettez-les mûrir dans la poitrine.Mon déchirement est pour vous ce soir
et les paroles d’amour
tombent à terre
comme des étoiles étouffées.Jamais je ne voudrais que revienne
un soir, le même.

(da « Cumpagni di Viaggiu » – Il Poeta in Piazza, 1974)

Bonne écoute et lecture.

——

Vous voici quelques informations concernant le Poète (Source Wikipédia):

Ignazio Buttitta est né à Aspra, un hameau de Bagheria, le 19 septembre 1899, dans une famille de marchands. Il a un frère jumeau. La souffrance de son enfance se retrouve souvent dans sa poésie, il y aborde les thèmes de l’école primaire et le travail dans la charcuterie paternelle. En 1917, durant la Première Guerre mondiale, il est enrôlé comme soldat pour participer à la défense du Piave.

Lors d’un voyage en train, il rencontre celle qui deviendra sa femme et avec laquelle il aura quatre enfants. En 1943, à la suite de l’invasion de la Sicile par les forces alliées, ils émigrent à Codogno, abandonnant le magasin alimentaire (qui sera saccagé) et l’activité familiale. Obligé de rester en Lombardie à cause de ses idées socialistes, il s’implique activement dans la résistance italienne et, après la libération, il peut enfin rentrer en Sicile.

Il a l’occasion de retourner à Codogno pour y retrouver ses amis et pour y donner des conférences avec Salvatore Quasimodo et Elio Vittorini.

En 1972, il reçoit le Premio Viareggio. En 1980, il devient docteur honoris causa de la Faculté d’Éducation de l’Université de Palerme. Ses poèmes sont traduits en français, espagnol, grec, roumain, mandarin et russe. Il décède à Bagheria en 1997, à l’âge de 97 ans.

En 2003, son fils Antonino crée la Fondation Ignazio Buttitta.

 

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